Les voitures anciennes moins polluantes que les voitures neuves ?

Les voitures anciennes moins polluantes que les voitures neuves ?

Article de l'excellent site Sortie De Grange : https://sortiedegrange.com/
31 juillet 2019
https://sortiedegrange.com/les-voitures-anciennes-moins-polluantes-que-les-voitures-neuves/

On entend souvent que les voitures anciennes seraient plus “polluantes” que les voitures neuves.
Elles sont souvent pointées du doigts et accusées de rejeter trop de CO2.
Utilisant ma 4L comme voiture de tous les jours et me souciant de plus en plus de mon empreinte environnementale et des questions de développement durable, je me suis donc questionné : est-ce que je pollue vraiment plus en roulant en voiture ancienne qu’en voiture neuve ou en électrique ?
La réponse : il semble bien que non !
Et il se pourrait bien que ce soit même le contraire…
Voici quelques explications !

Une voiture ancienne consomme plus qu’une voiture neuve, mais est-elle vraiment plus polluante ?

Premier constat : on entend partout et il est communément admis (en France en tout cas) que les voitures neuves ou voitures récentes polluent moins que les voitures plus anciennes.
Pourquoi entendons-nous ça ?
Parce que l’avancée technologique est telle qu’un véhicule moderne consomme en moyenne moins qu’un véhicule ancien. Évidemment, quand on se base uniquement sur les consommations de carburant et l’émission de CO2 qui en est directement lié, il est clair que les véhicules modernes sortent gagnants de la comparaison face aux véhicules anciens.
De là à tirer la conclusion que les véhicules modernes sont moins polluants que les anciens et qu’il faut donc changer sa voiture dès qu’elle est “obsolète”, il n’y a qu’un pas… que beaucoup franchissent, sans y regarder plus loin.
C’est en tout cas le message qu’on essaye de nous faire passer.
Cela arrangerait-t-il les constructeurs, l’état, l’économie ?

Remplacer sa voiture ancienne par une neuve pour moins polluer : une aberration ?

La fabrication d’une voiture neuve et la déconstruction d’une ancienne : une empreinte carbone désastreuse.

L’empreinte environnementale ne se résume pas aux émissions de CO2 du moteur !
La production et la déconstruction d’une voiture neuve ont une empreinte carbone absolument désastreuse.
Tellement désastreuse qu’elle rend parfois dérisoire l’éventuelle émission supplémentaire de CO2 d’une voiture ancienne par rapport à une voiture moderne. Ainsi, il faut rouler des centaines de milliers de kilomètres pour “amortir l’empreinte carbone” de la construction puis de la déconstruction d’une voiture neuve. Car si la fabrication d’une voiture est une activité extrêmement polluante, le recyclage automobile, contrairement à ce qu’on pourrait penser, est un processus également extrêmement gourmand en énergie.

Attention, je ne suis pas en train de dire qu’il ne faut pas recycler, j’affirme simplement que ce n’est pas la solution de produire toujours plus de voitures sous prétexte qu’elles sont recyclables à 90%.
Et ici, on ne parle que du rejet de CO2.
On ne parle pas du rejet phénoménal de substances toxiques dans la nature lors de la fabrication des voitures.
On ne parle pas non plus que si 90% de la voiture est recyclée, la plupart des composants “synthétiques”, très nocifs pour l’environnement, ne le sont pas. Peut-on encore dire qu’acheter une voiture neuve moderne est plus “écologique” et moins polluant que de garder sa voiture longtemps ou de rouler en ancienne ?
Difficile à tenir comme discours…


5% du poids de la voiture (ce qui est énorme !) est broyé et transformé en résidu, notamment le verre et le polyamide. Ils ne pourront pas être recyclés. (Source : L’argus).

Qu’en disent les études ?

Le problème avec les études sur ce sujet, c’est qu’il est extrêmement difficile d’obtenir des résultats fiables sur l’écobilan du cycle de vie d’une voiture, nous le verrons juste après.
Malgré cela, certaines études ont été réalisées (à prendre avec du recul, ce ne sont que des estimations) afin de comparer le bilan carbone d’un conducteur qui conserve sa voiture ancienne et d’un conducteur qui la remplace par une neuve.

1ère étude, source ADEME relayé par un article MEDIAPART : “Déconstruction de son ancienne voiture et construction de la nouvelle = 12 tonnes de C02 émis”.

*Vous pouvez consulter l’étude complète de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) ici.

Je vous mets également le lien de l’article Laissons vieillir nos voitures, de Jacques Cuvilliers sur son blog Mediapart, dont voici un extrait :

“C’est un bon argument qui dispense sans doute le vendeur d’expliquer aussi à l’acheteur potentiel que la déconstruction de son ancienne voiture, engloutira une énergie de l’ordre de 1500 Kwh, que la construction de sa nouvelle, une énergie de quelque 20 000 Kwh, et que l’ensemble ramené à la moyenne européenne d’émission de 490 grammes de CO2 émis par kiloWatt heure d’énergie produite (voir la note de fin), conduira finalement à une émission de 12 Tonnes de CO2 !
À supposer que sa nouvelle voiture familiale émette comme c’est vraisemblable quelque 40 grammes de moins de CO2 au kilomètre que son ancienne, il lui faudra rouler dans les 300.000 Km avec cette nouvelle voiture pour rattraper le surplus de production de CO2 nécessaire au remplacement.”

12 tonnes de CO2 émis donc, pour “recycler” son ancienne voiture et en produire une neuve. 300 000 km pour compenser ce surplus de production de CO2. Alors, est-ce écologiquement viable de remplacer son ancienne ?
C’est ce que l’on va voir avec une 2ème étude.

2ème étude, relayée par Caradisiac : 18 tonnes de C02 émis pour la construction d’une voiture neuve valant 25000€.

Si vous désirez le lire en entier, voici le lien de l’article Prime à la casse : produire une nouvelle voiture pollue plus que garder une ancienne.

Voici un extrait :

“Selon une étude réalisée il y a quelques années, la production d’un véhicule neuf équivaudrait à 720 kg de CO2 rejeté tous les 1000 euros dépensés".
En clair, une Peugeot 308 vendue 25 000 € aura déjà dégagé 18 tonnes de CO2 dans l’atmosphère avant même d’avoir été livrée.

Faisons donc un calcul simple, sur la base d’un total de 200 000 km :

Premier cas : Vous changer d’auto à 100 000 km grâce à la prime à la casse.

Votre véhicule, qui a 100 000 km, et que vous souhaitez remplacer, consomme 8 litres aux 100 km (en conditions réelles).
Ceci correspond à 185 g/km, soit 18,5 tonnes dégagées depuis que vous roulez avec.
Vous visez une Peugeot 308 essence Puretech 130, boîte automatique, annoncée à 106 g/km, soit 4,5 l/100 km.
La première chose (évidente) à savoir est que la compacte française sera bien loin de cette valeur en conditions réelles, certainement autour des 6,5 litres, soit 150 g/km de CO2.
Sur 100 000 km effectués, nous arrivons à un total de 15 tonnes dégagées.

Emissions totales de CO2 sur 200 000 km : 18,5t (ancien véhicule sur 100 000 km) + 19,2t (production de la nouvelle 308) + 15t (émissions de la nouvelle voiture sur 100 000 km) = 52,7 tonnes.

Deuxième cas – vous conservez votre auto jusqu’à ses 200 000 km.

Votre véhicule, qui a été acheté neuf, consomme donc ses 8 litres tous les 100 km.
Sur 200 000 km, cela équivaut à 37 tonnes de CO2 dégagées dans l’atmosphère.
Votre auto consomme un litre et demi de plus tous les 100 km qu’une voiture essence plus récente, mais malgré cela, vous avez émis 15 tonnes de moins que la personne qui a changé pour un véhicule plus propre.“

Voilà ce que montre les quelques études réalisées sur le sujet.
Alors bien sûr, vous aurez pu le constater, les valeurs sont approximatives : une étude estime à 12 tonnes de CO2 émis pour le recyclage et la construction d’une voiture neuve quand une autre estime à 18 tonnes de CO2 émis la seule construction d’une voiture neuve d’une valeur de 25 000€.
Cela dépend de beaucoup trop de facteurs et d’inconnues pour obtenir une valeur fiable.

Mais dans les deux cas, la personne qui aura conservé et roulé 100 000 km de plus avec son véhicule ancien aura émis plusieurs tonnes de CO2 de moins que celui qui aura changé son véhicule de manière plus précoce pour le remplacer par un neuf.
Effectivement, cela ne vaut pas pour une voiture ancienne en panne, qui consommerait énormément d’huile ou dont la mécanique mal réglée ou en mauvais état consommerait bien plus d’essence qu’à la normale. Mais dans ce cas encore, il suffirait de réparer…

Alors pourquoi continue-t-on à entendre cela tous les jours, et pourquoi ne parle-t-on jamais des désastres écologiques du renouvellement intensif du parc automobile ?

Pourquoi continue-t-on à dire que les véhicules anciens sont trop polluants ?

1ère raison : ça fait marcher l’économie.

En toute logique, cela arrange les constructeurs et l’État : envoyer des voitures à la casse et les remplacer par des neuves, ça fait marcher l’économie.
A l’époque, les ventes sont en chute, les constructeurs aux abois : il faut renouveler le parc automobile en France.
Le gouvernement intervient à coup de mesures avec notamment la fameuse prime à la casse, puis diesel-bashing, plus récemment.
Les voitures jugées trop anciennes ou trop polluantes (tantôt les essences, puis les diesels) et même celles qui fonctionnaient encore, partent à la casse, au profit de l’achat de voitures neuves.
Des voitures neuves en parfait état qui seront jugées désuètes 5 ans plus tard, et partiront encore à la casse pour être remplacées par la toute dernière génération.
C’est un cercle vicieux.
Produire, produire toujours plus. Une réussite économique, un fiasco environnemental.

2ème raison : l’impossible écobilan du cycle de vie d’une voiture.

L’autre raison et qu’il est impossible d’établir un écobilan fiable du cycle de vie d’une voiture tant il dépend de nombreux facteurs.
Les écobilans ne sont que des estimations.
Et plus l’objet est complexe (par exemple au hasard, une voiture), plus il est difficile d’obtenir une estimation fiable.
Une voiture, c’est 180 000 composants, je vous laisse imaginer la difficulté.
Du coup, même si on sait pertinemment que l’émission de CO2 de la production d’un véhicule et de son “recyclage” est désastreux, on préfère tout simplement ne pas en parler, comme si ça n’avait pas d’importance.
Ça arrange tout le monde.
Et tout cela ne prend pas en compte le 3ème volet, qui est le rejet de substances toxiques lors de la fabrication de l’auto, qui n’est pas inclus dans le fameux “bilan carbone”.

Vidéo : “Pourquoi garder sa vieille voiture pollue moins que d’acheter une neuve ?” par Lucien Willemin.

“Focalisés sur le changement climatique, nos gouvernements nous invitent à changer régulièrement de voitures afin d’économiser de l’énergie et ainsi réduire les émissions de CO2.
Or cette politique est réductrice et dangereuse pour nos vies.
On parle dans cet article de voitures uniquement car c’est ce qui nous intéresse, mais cela est valable pour les autres objets et appareils.”
Source TEDxGeneva.

La voiture électrique, la solution dans tout ça ? Pas pour le moment !

La voiture électrique est-elle la solution dans tout ça ?
En effet, en fonctionnement, les voitures électriques n’émettent aucune émission de CO2.
De ce fait, si on reprend les calculs évoqués plus haut dans les études, les voitures électriques devraient sortir vainqueurs du “duel” avec les voitures anciennes sur les émissions de CO2 et devraient, à long terme, être moins polluantes !

Et pourtant, ce n’est pas le cas… D’abord, parce que l’empreinte carbone actuelle de la fabrication d’une voiture électrique est 1,5 fois plus importante (!) que la fabrication d’une thermique, la faute notamment aux batteries qu’elles contiennent.
Ensuite, car la question du recyclage des batteries lithium (matériau très difficile à recycler) pose problème.
En effet, le lithium n’est aujourd’hui pas (ou encore très peu) recyclé pour une raison simple : la Recherche pour son recyclage est extrêmement couteuse alors que le prix du lithium sur les marchés est faible et trop fluctuent.
L’affaire n’est pas rentable, pour le moment.

Pour continuer, le cycle de vie d’une voiture électrique est aujourd’hui extrêmement court, du fait que ces technologies ne sont pas encore suffisamment développées et qu’elles évoluent extrêmement vite, notamment sur la question de l’autonomie.
De ce fait, le renouvellement des voitures électriques est très rapide et la faible émission en CO2 lié à son utilisation ne compense ainsi pas suffisamment la très forte empreinte carbone liée à sa production et à sa destruction.

Enfin, la production d’électricité nécessaire à la recharge des batteries n’est pas neutre.
Alors certes, en France, l’énergie électrique provenant du nucléaire principalement (pas ou peu émettrice de CO2), l’empreinte carbone de l’utilisation d’une voiture électrique est en moyenne extrêmement faible.
Mais c’est sans compter sa fabrication et son recyclage.

En conclusion : laissons-vieillir nos voitures anciennes !

Désormais, vous, amateurs de voitures anciennes, saurez quoi répondre quand on vous dit “les voitures anciennes c’est bien, mais ça pollue !”
Blague à part, l’objectif de cet article n’est pas de prouver que les voitures anciennes sont moins polluantes que les voitures neuves.
Le titre, volontairement provocateur, avait simplement pour vocation d’attirer l’attention sur une affirmation largement réfutable et que l’on entend pourtant partout, comme quoi les voitures anciennes sont polluantes, et qu’il vaut mieux rouler en voiture neuve pour le respect de l’environnement.
On a bien vu que c’était loin d’être le cas, et qu’il se pourrait bien que ce soit le contraire, si l’on prend en compte l’ensemble des éléments qui font le cycle de vie d’une voiture.

Alors, faites-vous plaisir : continuez à rouler en ancienne, réparez-les, et n’ayez pas à rougir quand vous croisez une Prius flambant neuve dans la rue !
Plus il y a aura de voitures anciennes encore en circulation, et moins l’on produira de voitures neuves.
La planète nous remerciera !


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